Étape incontournable de votre business plan, le calcul de votre seuil de rentabilité pourra vous occasionner certaines déconvenues. Voici tout ce que vous devez savoir à son sujet avant de procéder à la détermination de cet indicateur financier : qu’est-ce que le seuil de rentabilité ? Quelle est son utilité ? Comment le calculer ? Et comment l’améliorer ? Un exemple est également donné à titre indicatif en fin d’article.
Qu’est-ce que le seuil de rentabilité ?
Le seuil de rentabilité indique le niveau de chiffre d’affaires que doit réaliser votre entreprise pour être rentable, c’est-à-dire couvrir ses charges. Si votre entreprise le dépasse, elle dégagera un bénéfice. A l’inverse, si elle ne l’atteint pas, elle essuiera une perte.
Vous pouvez (et, d’ailleurs, devez) déterminer votre seuil de rentabilité, quelle que soit la nature de votre activité (industrielle, commerciale, artisanale, libérale ou agricole), lorsque vous établissez un business plan.
A quoi sert le seuil de rentabilité ?
Utilité du seuil de rentabilité pour votre entreprise
Faire votre calcul de seuil de rentabilité vous permettra de répondre aux questions suivantes : mon entreprise sera-t-elle rentable ? Si oui, au bout de combien de temps ? Si ce n’est pas le cas, comment puis-je rectifier la trajectoire ? Quel revirement stratégique pourrais-je opérer ? Parfois, le résultat donné par ce calcul indique qu’une entreprise ne sera jamais rentable. Et si tel est le cas, il faudra vous résoudre à abandonner votre projet. Dans tous les cas, vous pourrez réflechir à une solution pour diminuer au mieux le montant de cet indicateur.
Utilité du seuil de rentabilité pour vos partenaires
Tous les partenaires que vous pourrez solliciter étudieront votre seuil de rentabilité : banquier, investisseur, associé, etc. Pour le banquier, le seuil de rentabilité est un indicateur qui met en évidence le risque que comporte votre projet. Au plus le montant du SR est bas, au plus les voyants seront « au vert » dans le cadre d’une demande de financements. Pour les investisseurs, il s’agira d’étudier à quel moment votre entreprise ne perdra plus d’argent. Il permet d’indiquer le temps à attendre avant que leur investissement ne soit rentabilisé.
Comment calculer son seuil de rentabilité ?
Distinguer ses charges fixes de ses charges variables
Lors de votre travail de préparation du business plan, et plus particulièrement au cours de votre démarche de recensement de vos frais (frais généraux, frais de personnel, frais financiers, impôts et taxes, etc.), vous allez devoir distinguer :
- d’une part les charges fixes (ce sont celles dont le niveau ne varient pas avec celui de l’activité et que votre entreprise devra supporter, quel que soit son chiffre d’affaires) ;
- et d’autre part les charges variables (celles dont le montant varie proportionnellement aux fluctuations de l’activité).
Vous gagnerez un temps précieux si vous avez rédigé une check list de préparation de votre business plan en amont.
Sont généralement considérés comme des frais fixes :
- les loyers mobiliers et immobiliers,
- les primes d’assurance (responsabilité civile professionnelle, garantie décennale, locaux professionnels),
- les frais postaux (timbres) et de télécommunication (téléphone, frais de connexion à Internet),
- les honoraires de prestataires extérieurs (expert-comptable, avocat, notaire, fiscalité, conseillers),
- les redevances de crédit-bail mobilier ou immobilier,
- les salaires et charges sociales (sauf pour la partie indexée sur le chiffre d’affaires).
A l’inverse, les principales charges variables sont constituées des :
- achats de marchandises,
- frais de sous-traitance,
- coûts de production des produits vendus,
- salaires indexés sur un indicateur ayant un rapport avec l’activité).
Calculer sa marge sur coûts variables
Le calcul de votre marge sur coûts variables nécessite d’avoir estimé votre chiffre d’affaires prévisionnel au préalable.
Calculer son taux de marge sur coûts variables
La calcul du taux de marge sur coûts variables est très simple : il suffit de rapporter la marge sur coûts variables au montant du chiffre d’affaires.
Déterminer son seuil de rentabilité
La dernière étape consiste à calculer son seuil de rentabilité en procédant au calcul suivant :
Calculer son point mort
Le point mort est une donnée qui découle du seuil de rentabilité. Il exprime le nombre de jours de fonctionnement nécessaires à votre entreprise pour être rentable.
Comment améliorer son seuil de rentabilité ?
L’amélioration de votre seuil de rentabilité pourra se faire par le biais de trois variables :
- avoir recours aux charges variables plutôt qu’aux charges fixes
Cette stratégie consiste à variabiliser vos charges c’est-à-dire à faire en sorte que votre activité supporte le moins de charges fixes possibles, au profit des charges variables. Ainsi, la structure de vos coûts suivra la tendance de votre chiffre d’affaires et votre seuil de rentabilité diminuera d’autant (en d’autres termes, vous réaliserez des bénéfices plus rapidement). Attention, cette technique présente des limites puisqu’elle va vous conduire à sous-traiter un maximum d’opérations et ne doit, en aucun cas, vous faire externaliser les compétences clés de votre entreprise.
- diminuer le poids des charges fixes
Cette méthode consiste à maîtriser le montant des charges fixes en différant certains frais par exemple ou en identifiant des substituts moins onéreux. Vous pourrez peut-être domicilier, dans un premier temps, votre entreprise chez vous (puis trouver des locaux lorsque les moyens financiers de votre entreprise vous le permettront) ou trouver des locaux dans un quartier légèrement moins recherché afin de réaliser des économies ?
- améliorer sa marge sur coûts variables
Vous pouvez également agir sur les leviers « traditionnels » de la rentabilité : votre chiffre d’affaires et votre marge sur coûts variables. Il est peut être envisageable d’augmenter votre prix de vente sans que cela n’affecte votre volume de commande ? Ou alors d’augmenter le panier moyen de votre clientèle ? Au niveau des charges variables, tentez de négocier des rabais et remises auprès de vos fournisseurs en vous engageant sur un volume de commandes.
Exemple de calcul de seuil de rentabilité et de point mort
Imaginons que vous vous trouvez dans le cas suivant : vous espérez réaliser un chiffre d’affaires de 500 000 euros hors taxes. Vous avez correctement préparé votre business plan, établi votre check-list et voici les données qui en ressortent :
Poste | Nature | Montant |
Achat de marchandises | Variables | -200000 |
Loyers immobiliers | Fixes | -40000 |
Primes d’assurance | Fixes | -2000 |
Dépenses de publicité | Fixes | -6000 |
Frais de télécommunication | Fixes | -2000 |
Salaires et charges sociales | Fixes | -100000 |
Impôts et taxes | Fixes | -10000 |
Total | -360000 |
Voici les différents calculs auxquels vous allez procéder :
- Marge sur coûts variables = chiffre d’affaires – achats de marchandises = 500 000 – 200 000 = 300 000 euros ;
- Taux de marge sur coûts variables = marge sur coûts variables / chiffre d’affaires = 300 000 / 500 000 euros = 60% ;
- Seuil de rentabilité = (loyers + assurance + publicité + télécommunication + salaires et charges + impôts et taxes) / taux de marge sur coûts variables = 160 000 / 0,60 = 266 667 euros ;
- Point mort = seuil de rentabilité * 365 / chiffre d’affaires = 266 667 * 365 / 500 000 = 195 jours.
Le montant de chiffre d’affaires à réaliser pour avoir un résultat égal à 0 est de 266 667 euros. A compter de 195 jours, votre entreprise réalisera des bénéfices.
Conclusion : le seuil de rentabilité permet d’identifier le chiffre d’affaires minimum à réaliser pour couvrir vos charges fixes. C’est un indicateur financier indispensable devant être calculé dans tout business plan.